Auberge de Dardagny Chronique d’un déjeuner lumineux au cœur du Mandement
Certaines adresses renaissent comme on respire à nouveau : lentement, avec profondeur, en révélant un charme que le temps avait simplement endormi. L’Auberge de Dardagny, blottie entre vignes et pierres anciennes, fait partie de ces lieux qui réapparaissent avec une élégance tranquille. Ouverte au public depuis le 1er novembre 2025, l’auberge accueille, à l’heure du déjeuner, une clientèle variée et fidèle. Avec une fréquentation régulière environ 30 couverts par service pour 36 places la maison esquisse déjà les contours d’une table ancrée dans la sincérité du terroir, portée par une convivialité assumée et une identité claire.
Un décor où l’authenticité prime
À l’entrée, un café-épicerie réchauffé par l’odeur de viennoiseries et la présence d’une cave à vins bien pensée pose le ton : ici, la gourmandise n’est jamais loin. La grande table ronde invite au partage, tandis que la salle principale, baignée de lumière, s’ouvre sur une cour intérieure où l’on pourrait imaginer s’attarder aux beaux jours.
Aux murs, 25 illustrations originales d’Albertine, artiste genevoise originaire du village, ajoutent un souffle poétique. Initialement pensées comme une simple décoration, elles séduisent tant que certaines ont déjà trouvé leur acquéreur une preuve de l’attachement immédiat que suscite l’endroit.
La cuisine de Fabio Stridi : précision, instinct et respect du produit
Le midi, la maison annonce une carte courte trois entrées, trois plats, trois desserts articulée autour d’un menu du marché. La démarche se veut claire : privilégier la fraîcheur, respecter le produit sans l’alourdir, et raconter le terroir à travers des gestes simples et précis.
Lors de notre déjeuner, cette offre élargie ne nous a toutefois pas été présentée, le serveur ne semblant pas en avoir connaissance. Nous l’avons découverte ultérieurement : la proposition sucrée compte en réalité entre cinq et huit desserts exposés en vitrine, tandis qu’un chariot de fromages, réunissant neuf à douze références suisses, est disponible à midi comme tout au long de la journée.
Tarifs du midi :
Le plat du jour, précédé d’une petite salade mêlée, est proposé à 22.- CHF
Entrée + plat : 35.- CHF
Plat + dessert : 30.- CHF
Menu complet : 40.- CHF
Le soir, la table s’élargit : malakoffs dorés, viandes grillées sur ceps de vigne, chasse selon la saison, fromages affinés, et une collection de panettones maison que le chef prépare avec un soin artisanal.
Fait remarquable, presque déconcertant : ils ne sont que trois en cuisine. Une petite brigade, une grande maîtrise.
Notre déjeuner aujourd’hui une lecture du terroir en trois actes
Entrées
Salade mêlée
Un début tout en fraîcheur, volontairement épuré. Une entrée simple, efficace, qui ouvre le palais sans l’alourdir.
Pressé de saumon et crevettes, sauce béarnaise
Un contraste délicat entre le fondant du saumon et la fermeté subtile des crevettes. La béarnaise, soyeuse et parfumée, aurait gagné à être servie plus chaude pour libérer pleinement ses arômes d’estragon.
Un regret : l’absence du Pithivier de volaille
À 12h45, petite déception : le Pithivier de volaille et foie, accompagné de cèpes et d’une sauce madère, n’était déjà plus proposé. Une entrée aux accents de saison que j’aurais aimé découvrir.
Cette absence se fait d’autant plus perceptible que, pour un déjeuner servi dès 12h00, l’auberge se positionne dans une fourchette tarifaire plutôt élevée pour une formule en trois plats, le plat du jour étant affiché à partir de 22 CHF. Un choix assumé, mais qui ne conviendra pas à tous les budgets.
Plats
Risotto aux champignons persillés, vieux Sbrinz
Une assiette chaleureuse, presque forestière. Les champignons libèrent un parfum boisé, adouci par le persil frais. Le vieux Sbrinz apporte cette note subtilement saline et légèrement fruitée qui enveloppe le tout avec rondeur.
Sébaste au thym citron, frisée à la napolitaine
Un plat lumineux, parfaitement équilibré entre la fraîcheur du thym citron et les amertumes maîtrisées de la frisée.
Petite réserve personnelle : la cuisson du poisson, très nacrée, s’est révélée un peu trop rosée pour mon goût. Un bref passage supplémentaire aurait offert un fondant idéal.
Desserts
Tarte pomme–framboise
Une douceur d’automne : la framboise apporte son éclat, la pomme sa rondeur. Une tarte simple, bien exécutée, fidèle à l’esprit maison.
Crème caramel aux épices douces
Un dessert réconfortant, à la texture soyeuse, ponctué d’un caramel légèrement amer et d’épices délicates. Une fin de repas classique mais profondément gourmande.
Note pratique : ici, vous êtes hors réseau
Un détail qui mérite d’être mentionné : aucun signal, pas de Wi-Fi, aucune connexion possible.
Un charme bucolique pour certains, une contrainte pour d’autres. À anticiper avant de s’installer.
En conclusion
L’Auberge de Dardagny signe le retour d’une table où l’on célèbre le terroir sans ostentation. Une cuisine sincère, une atmosphère habitée, un village qui retrouve une part de son âme. Malgré quelques nuances une entrée manquante, une cuisson peut-être trop rosée le lieu s’impose déjà comme une adresse à suivre, à revisiter, et à accompagner dans sa renaissance.
Une maison où le temps ralentit, où l’on déjeune avec simplicité et profondeur, et où l’on se reconnecte à l’essentiel… en se déconnectant complètement.
Informations utiles
Auberge de Dardagny
504 route du Mandement 1283 Dardagny
+41 79 913 12 83
auberge-dardagny.ch
Instagram : @auberge_dardagny_official